Voir aussi en bas de cette article, le résumé du blocage Rond-Point à Courcelles du 29 Octobre 2021 en soirée (pour info, il y a un rassemblement de prévu au rond-point de Courcelles et ceci chaque jour à partir de 19h)
(Temps de lecture : 10 minutes. C’est un peu long. Mais en regard des 200 ans où le peuple a dû fermer sa gueule, finalement c’est pas si long que ça…)
Des citoyens fédérés avec leurs forces et leurs différences, leur pluralité, leur beauté humaine et grandeur d’âme (mais oui), pour l’émancipation politique et sociale de nos sociétés, vers plus de bonheur individuel et collectif, ici et maintenant comme ailleurs et partout. Voilà ce que sont les Gilets Jaunes.
Les Gilets Jaunes sont de simples citoyens, qui en ont peut-être un peu plus la conscience de l’être, citoyen, que d’autres, et utilisent cette qualité pour travailler à la démocratie, à la justice, à la liberté, chacun selon son tempérament, qui est vaste chez les Gilets jaunes. Ce n’est que ça. Mais c’est ça. Et c’est pas mal…
Je rappelle que chez les Gilets Jaunes il n’y a pas de chef, pas de représentant, pas de porte-parole. Là c’est moi qui parle mais ça pourrait être un autre, ce sera un autre la prochaine fois.
Gilets Jaunes, pourquoi sommes-nous ici devant le Parlement Wallon, ce jour ?
Pour participer à une assemblée citoyenne sur toute chose publique…
Voilà une démarche intéressante, bienveillante, constructive, bien sûr… mais mine de rien en réalité révolutionnaire.
En effet, notre système tel qu’il a été tricoté par pas plus de quelques dizaines de bourgeois en 1830 (il faut le rappeler, ça vous étonne mais c’est la réalité), et qui a perduré depuis sans que personne ne le remette en cause, n’ait eu son mot à dire… ce système n’avait pas prévu de demander son avis aux gens sur les décisions qui concernent leur vie … ce qui pourtant devrait être une donne démocratique élémentaire aujourd’hui, tout démocrate en conviendra, n’est-ce pas messieurs-dames les hommes et femmes politiques…
Depuis, les choses ont demeuré, en l’état. Rien ou de si résiduel n’est prévu pour (excusez pour le dérangement) inclure l’avis des citoyens sur leur sort entre deux élections. Aujourd’hui en 2021 ne voit-on pas ce fait comme démocratiquement totalement obsolète.
Des citoyens surnuméraires pensent de plus en plus maintenant à raison intuitivement que cela ne va pas, que ce n’est pas cela la démocratie, que ce n’est pas satisfaisant, et que donc tranquillement mais sérieusement nous ne nous en satisfaisons pas. D’autres, moins, se mettent en tête d’attaquer ce fait dommageable et, avec leurs ressources citoyennes, se piquent de changer cela. C’est nous, les Gilets Jaunes.
En fait de démocratie, il n’y a que la démocratie participative qui vaille, le reste est un décor… minable… maussade…
C’est pourquoi nous participons aujourd’hui à la mise sur pied d’une assemblée citoyenne, ébauche sans doute modeste, difficile, balbutiante, de quelque chose, lui, de salvateur, de structurel, d’imposant, d’important, d’Historique : la mise sur pieds de la démocratie, rien moins ! Prenons-en conscience, les amis.
Il faut commencer quelque part… Et bien nous commençons ici et maintenant.
Ne vous y trompez pas, si le peuple le veut, la démarche est historique et admirable, encore une fois.
Si nous faisons tout cela, la mise sur pied d’une ébauche d’assemblée citoyenne réelle et décisionnaire c’est pour créer notre avenir, mais aussi pour l’ôter des mains de ceux qui se sont arrogés le droit, sans notre mandat, de nous l’usurper jusqu’à aujourd’hui ! Je pense aux hommes politiques.
Le peuple parle. Ce n’est pas souvent. Ce n’était structurellement pas prévu ni souhaité. Les autres, les hommes politiques du jour, sont priés d‘écouter.
Il faut vous dire que les gilets Jaunes éprouvent la plus grande méfiance envers les hommes politiques… Mais cette méfiance ne vient pas de nulle part, elle ne tombe pas du ciel. Elle est motivée, et sérieusement. Les hommes politiques constituent une particratie, qui par définition est différente de la démocratie. S’il y a l’une il n’y a pas l’autre. Comme les hommes politiques constituent la particratie qui à son tour les produit, nous les exécrons car nous n’appelons de nos vœux que la démocratie. Tout ce qui produit la possibilité de s’en écarter ne nous est pas favorable, nous la rejetons et luttons contre elle. Voilà pourquoi nous n’aimons pas les hommes politiques, et nous en méfions franchement, de quelque bord qu’ils soient.
Les hommes politiques ne sont pas une composante anodine dans le fait que nous ne soyons pas en démocratie. Ils sont constitutifs de ce problème. Qu’ils en aient conscience ou pas, qu’ils soient cyniques, plutôt dévoués pour certains d’entre eux pourquoi pas, pétris de défauts humains qu’ils croient être des qualités (comme l’ambition démesurée, l’éventualité de poignarder des amis pour grimper à leur place, le goût du pouvoir, le goût d’imposer son opinion, l’utilisation discrétionnaire de la force armée à des fins en réalité politiques, la participation snob et goulue à de l’entregent anti-démocratique et d’autres) tout cela importe peu, le fait est là.
Les hommes politiques ne le gèrent pas, ils créent le malheur public puisqu’ils en sont les faiseurs légaux, techniques, historiques. Ecartons-les de la gestion, déjà parlementaire, de nos vies ! Ils se sont historiquement autoproclamés nos chefs par l’entourloupe du mot « représentant », cette ficelle est devenue tellement ténue qu’elle craque, ne tient plus. Nous ne les y avons jamais invité, jamais convoqué. Leur prégnance sur la vie publique et les règles qu’ils nous imposent est largement usurpée car n’a jamais fait l’objet d’une discussion, d’un consensus, d’une décision réelle du peuple depuis l’origine (et c’est resté). Tout cela est bien éloigné du beau concept de démocratie que nous chérissons et dont nous finissons de nous languir de l’absence. Il est temps de changer cela. Cela va changer, et nous allons le changer.
Les médias (vous connaissez ?) diront : Quelle est cette parole, qui sont ces trublions, ce populisme, cet anarchisme, ces suspects de méchanceté déguisée en désir démocratique, ce giletjaunisme, enfin toutes choses de cette haute pertinence intellectuelle et haute valeur morale qu’on leur connaît… peu importe.
Alors, pourquoi tous ces mots, pourquoi ce discours ? Pour faire joli ? Non, nous avons autre chose à faire et des vies à mener.
Il y a nécessité impérieuse de reprendre en main collectivement les décisions qui concernent nos vies. Pourquoi ? Car la façon produit des conséquences directes, néfastes et dommageables sur nos vies, celles de nos enfants, de nos anciens…
La démocratie directe, ce que nous contribuons à mettre en place aujourd’hui, n’est pas un détail, une coquetterie périphérique de militants bienveillants… c’est tout simplement ce qui fait la différence entre le bonheur et le malheur. C’est importantissime !
Pourquoi voulons-nous une assemblée citoyenne ? Pour décider de nos vies… hors hommes politiques. Le diagnostic citoyen GJ est clair. Il tient en 7 points, et ils n’y sont pas étrangers :
1. On est en manque total de démocratie participative, alors que c’est la seule qui vaille en réalité.
2. La fraude, l’évasion, la gigantesque immoralité fiscales, ont atteint des proportions exponentielles et délirantes en 40 ans, par la volonté propre du monde de la finance et des grandes fortunes qui en sont les bénéficiaires bien sûr, mais aussi par la volonté des fiscalistes affidés, leurs Eichmann techniciens en quelque sorte qui l’ont concrètement tricotée, en faisant mine de se protéger pour l’avenir disant « ce n’est pas moi qui fais les lois » (cette plaidoirie ne marchera pas, comme avec Eichmann, quand on les jugera), mais surtout des hommes politiques qui les ont favorisées la fraude et l’évasion fiscale, rendues possible, couvertes, mises en place, légiférées, protégées, tolérées, tues, couvées, nourries, et en réalité participé proactivement à la mise en place puisqu’ils ne font rien (de ce qu’ils pourraient et devraient) pour l’interdire et font à l’inverse tout ce qu’ils peuvent pour la laisser s’engraisser sans freins, sans contrôle, devant nos yeux, sans lutte, sans volonté de s’y opposer, en s’assurant bien de laisser passer stériles de lutte les décennies… pire : en mutilant volontairement toute force susceptible de l’arrêter : juges isolés, brigades policières spécialisées fermées, budgets réduits ou arrêtés, contrôleurs fiscaux empêchés et mannes de contrôleurs fiscaux non attribués à ça.
Le monde politique est coupable d’une immense traîtrise : vus comme les garants du bien et des bijoux publics mais qui les bradent à leurs amis nantis et fortunés au détriment de la population depuis si longtemps.
Ce faisant ils ont ainsi vidé les caisses de l’État, permis alors grâce à ça la constitution de dettes iniques gigantesques, sur nos épaules, là aussi de nouveau au profit de leurs amis de la finance au détriment du peuple. Le mot « traîtrise » n’est décidément pas injustifié, il y a double trahison.
Toutes ces fortunes privées et de grands groupes qui ne payent pas l’impôt, l’idée n’est pas d’aller guillotiner leurs propriétaires en guise de revanche et de punition, non, le but c’est qu’ils payent simplement et justement leur impôt comme vous et moi, tout simplement, sans plus, ni plus ni moins. Ca va comme révolution, ça, non ?
Toutes ces fortunes privées et de grands groupes qui ne payent pas l’impôt ont justifié par les hommes politiques leur mise en place de l’austérité qui n’était en rien nécessaire s’ils n’avaient pas permis cette évasion fiscale gigantesque. Le mot « traîtrise » n’est décidément pas injustifié, il y a triple trahison : 1. Laisser s’échapper les malfaiteurs fiscaux, 2. Contracter des dettes abyssales sur le dos de la population et enfin 3. Lui imposer une vie d’austérité maussade… tout cela je le rappelle sans nécessité aucune si les nantis payaient normalement leurs impôts.
Les hommes politiques ont participé à créer l’évasion de fortunes, ils ont décidé de garrotter les hôpitaux, les services publics, les écoles, votre salaire, votre niveau de vie en prétextant vicieusement puisque fallacieusement y avoir été contraints. Ca ressemblerait à une entourloupe, un tour de passe-passe, presque rigolo, c’est en réalité une traîtrise infâme. Ils auront à rendre des comptes historiquement, collectivement, et pourquoi pas individuellement, pour cela. Patience…
En attendant ils la payent du mépris en réalité profond que leur porte la population (voyez par exemple l’abstention européenne qui nous sépare d’eux), ce dont ils n’ont que faire, car derrière leurs grands airs ces gens sont bien souvent, l’avez-vous remarqué, de peu de valeur morale et humaine.
Si on y regarde de plus près une grande honte historique, morale et humaine pèse sur eux eux !
3. Justice salariale
Le travail, pour beaucoup, ne paye plus. Les hommes politiques ont jugulé nos salaires (avec la complicité, la léthargie, la mollesse maintenant des syndicats). Un salaire ne suffit plus à vivre, mais entretemps, le caddie, la cuve, le réservoir, le reste, ont explosé. Les gens survivent avec un salaire. Et bien non, dans cette société on veut bien jouer le jeu du travail, faire encore un peu semblant de croire que c’est une valeur philosophique centrale, utile et nécessaire, comme sine qua non au bonheur, certains diront bienveillante (moi je n’y crois pas mais bon, chacun son avis)… mais alors le salaire doit payer. Ce n’est plus le cas.
Nous voulons la Justice salariale.
4. Justice sociale
Les gens de peu, démunis, en déshérence, handicapés, retraités, momentanément perdus reçoivent une aumône pour survivre. Dans un pays riche comme le nôtre, et c’est une bonne nouvelle, on devrait collectivement avoir l’humanité d’en prendre soin dignement.
5. Justice en Justice.
La férocité de peine, la morgue, la dureté qui confine au sadisme dans les prétoires, dans les jugements pour les citoyens aux broutilles, par des juges dont on se demande qui ils sont pour juger, et à côté l’immense et outrancière magnanimité pour les nantis margoulins qui rarement s’y laissent prendre : ce portrait actuel rend complètement intact et moderne le constat : selon que vous soyez puissant ou misérable les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. C’est archaïque, et pourtant des gens de pouvoir mettent en place ce qu’il faut pour que cette façon d’un autre âge demeure. Nous luttons contre cela. Nous voulons la justice en Justice.
6. Justice sanitaire.
Il est hors de question, criminel, d’attaquer de quelque façon que ce soit l’hôpital, les soins de santé.
Que ce soient des comptables, des ministres de l’économie qui attaquent, garrottent, décident d’ôter des moyens, de sous-financer, de pressuriser le personnel par l’horaire, le salaire, les contraintes, la mise en place de sous-effectifs, le stress, les obligations vilaines, méchantes et ridicules sorties de décisions sur leurs vies d’où ils n’ont pas été conviés aux débats préparatoires… Tout cela doit être répréhensible, illégal.
S’agissant d’un bien des plus précieux de la civilisation humaine : des soins de santé de qualité pour tous sans discrimination, Nous, Citoyens, disons, jugeons, exigeons que l’hôpital soit sacré, inviolable d’économies, pas touche… sinon à être jugé.
Nous, Citoyens, disons, jugeons, exigeons que l’hôpital soit sacré, inviolable d’économies, pas touche… sinon à être jugé… est-ce clair ?
7. Transition écologique équitable.
Nous attaquons, pillons, dévorons notre terre, alors que nous devrions la protéger, en prendre soin, elle qui nous abrite, nous nourrit, nous protège. Peut-être que d’autres cultures, par exemple indiennes, ont mieux compris cela qui, mais c’est sûrement un hasard, n’ont pas de grands groupes industriels ou économiques, ni d’hommes politiques…
« Nous » attaquons ? « Nous » pillons ?… Non, nous, individuellement, faisons ce que nous pouvons pour ne pas être une nuisance sur l’environnement, mais les structures de fonctionnement polluant établies par les tenants du système, sans rien nous demander pour ce faire, sont une force contraire qui l’établit. Démocratisons ce sujet, et à l’évidence de la bienveillance écologique pointera plus que maintenant où des lobbies ont l’oreille et l’aval des décideurs pour forger ce monde pollué et polluant.
Aujourd’hui, amis citoyens, nous venons ici pour conquérir le 1er de ces points : la démocratie participative.
Nous devons modifier profondément les structures politiques de notre système pour l’y faire prédominer la démocratie participative. Tout cela se résume en un mot : révolutionner le système.
Mais, pas de panique, le Parlement Wallon, c’est très bien. Il ne faut rien toucher. Il faut juste remplacer les 200 zigues qui y pavanent leur opinion en la supplantant là par celle du peuple, mille citoyens tirés au sort.
Le personnel, les gardiens, les appariteurs, peuvent rester, faut rien toucher.
Ca va comme révolution, ça, non ?
Ca ne nécessite ni des martyrs chez les citoyens ni des bourreaux chez les policiers.
Aujourd’hui nous allons révolutionner le système sans qu’aucun sang ne coule…
Gageons que ce soit sans doute cela le plus beau côté révolutionnaire que les Gilets Jaunes amèneront pour leur part à l’Histoire.
Pardon pour le côté un peu long et sérieux mais les GJ ce n’est pas que de la fête citoyenne c’est aussi du travail citoyen.
Vive l’assemblée citoyenne ! Vive les Gilets jaunes !
Je vous embrasse,
Barbe-Jaune
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