Ces centaines de milliers de Chiliens ne sont pas venus acclamer leur nouveau guide de gôôche.

45% des Chiliens ne se sont pas donné la peine de voter, ils disaient que ça sert à rien, n’empêche que le candidat qui a remporté les élections engage un processus participatif pour mener à bien les réformes sociales. Et ce après des victoires électorales au Vénézuela, en Bolivie, au Pérou, au Guatemala, etc …

Ils sont descendus dans la rue pour saluer l’élection  d’une large coalition, qui entend bien s’appuyer sur l’énergie et le soutien populaire pour changer le pays. Cette coalition ne comprend pas les grands partis traditionnels (socialistes, démocrates chrétiens) et englobe diverses forces politiques, de la gauche radicale au centre gauche, écologistes, communistes, féministes, …

Cette coalition est aussi protagoniste dans la Convention, qui ellabore une nouvelle constitution, qui devra etre ratifiée par le président. Le candidat d’opposition aurait préféré garder l’ancienne constitution néoliberale écrite par Pinochet, sa défaite garantit donc que ce processus constitutionnel aboutira.

Ils sont aussi descendus dans la rue pour saluer cette nouvelle défaite de l’extreme-droite, puisque l’autre candidat etait ouvertement pro-Pinochet. Les mauvaises langues se sont aussi réjouies de la veuve de l’ancien dictateur, la semaine passée.

Et ils sont descendus dans la rue pour appeler à la fin du néoliberalisme, au pays où il a été expérimenté pour la première fois et où il a été mené à son paroxysme, avec les meilleurs chiffres macro du continent, mais une population acculée entre les dettes, des horaires de travail impossibles, et des services privés et onéreux: transports, éducation, santé, retraites – tout est privé, l’Etat ne peut intervenir que là où le privé renonce.

Il a prononcé le soir de sa victoire un discours brillant, très à cheval sur les standards sociétaux (indigènes, féminisme, qualité de vie, écologie, …), et qui précise aussi les autres points clé du programme. J’ai traduit ci-dessous quelques extraits où il parle de sa methode …

Voici le lien pour le discours complet (30 minutes en espagnol):

« On sait qu’on ne pourra pas tout faire en meme temps. Il va falloir prioritiser pour assurer le succès de nos avancées, qui amélioreront petit à petit la vie des gens. Il y a quelque chose que je trouve très important de vous dire: ces avancées, ces priorités, on veut les discuter régulièrement avec vous. Aujourd’hui les gens sont sortis et ont rempli les places. Je veux que vous sachiez que notre gouvernement sera un gouvernement ouvert, aux mains ouvertes, qui dialoguera en permanence avec son peuple, à propos des priorités , à propos des réalités à affronter, pour avancer ensemble, car un gouvernement n’avance pas seul. Assez avec le despotisme illustre de ceux qui croient qu’on peut faire un gouvernement pour le peuple mais sans le peuple. Avec nous à la Moneda (le palais présidentiel), les gens sont les bienvenus.

Notre engagement c’est d’avancer avec espoir et dignité. Parce qu’aujourd’hui, vous le savez, vous le sentez, l’espoir l’a remporté sur la peur! »

« Je ne suis pas venu ici pour parler avec moi-meme, pour parler seulement avec ceux qui pensent comme moi.

Nous sommes arrivés ici dans un projet collectif, pour parler aussi avec ceux qui pensent différemment, les travailleuses et travailleurs qui forgent quotidiennement la richesse de notre Chili, la coopération avec le monde entrepreneurial, construire des alliances, rapprocher les regards.

Si on est venus ici, c’est pour nous assurer une fois pour toutes, que dans ce pays riche plein de ressources [on répartisse mieux les richesses et que], le revenu suffise pour que toutes les Chiliennes et tous les Chiliens puissent avoir une vie digne. »

(Marcos Medina Lockhart)